Jim Fergus

Avec Les Amazones, Jim Fergus signe le retour des Mille femmes blanches

Posted on septembre 23, 2019

Le troisième tome de la saga du romancier américain vient d’être publié


Jim Fergus vient-il vraiment de refermer la trilogie indienne entamée en 2000 avec Mille femmes blanches ?

Les Amazones est le troisième tome de cette grande saga et vient juste d’être publié.

Souvenez-vous de Mille femmes blanches (Cherche-Midi éditeur), ce roman sidérant qui racontait comment, en 1874, un chef indien concluait un pacte avec le gouvernement américain consistant à donner mille chevaux contre mille femmes blanches. On était déjà dans le roman : en réalité, personne ne sait ce que Little Wolf a demandé au président Grant lors de cette audience historique. Mais Jim Fergus a trouvé là le départ d’une passionnante aventure féminine, qu’il publie en 1998 aux Etats-Unis, puis en 2000 en France. Seize ans plus tard, ce sera La Vengeance des mères, et puis désormais Les Amazones, sorti ce 19 septembre.

Dans ce roman, les carnets de May Dodd croisent le récit de Mollie McGill dans une histoire qui se prolonge jusqu’en 1876. Dispersées par l’armée américaine, constamment en mouvement, les femmes devenues guerrières par la force des événements, se séparent, se retrouvent, cherchent leurs enfants. A cette histoire, celle de Mollie Standing Bear fait écho en 2019, comme le prolongement chamanique du personnage du XIXe siècle.

On peut se passer de lire les deux autres tomes de la trilogie, même si l’on se prive d’un grand plaisir, pour déguster ce roman qui raconte comment des femmes blanches, devenues Cheyennes, se transforment pour s’adapter à une vie toujours plus rude et combattive. Jim Fergus a le sens de la narration et porte un regard d’une bienveillance bouleversante sur ses personnages, dans un souffle épique qui ne tarit étonnamment pas.

Il est intéressant de voir comment en  vingt ans, le propos féministe a évolué chez l’auteur. Rien qu’à travers le choix des titres, du neutre et descriptif Mille femmes blanches à l’engagé Les Amazones, Jim Fergus propose un regard sur le féminin qui s’est précisé plutôt que radicalisé. Nomade lui-même, c’est dans une caravane qu’il écrit ses romans, hors du monde mais chambre d’écho de l’époque plus que n’importe quel éditorialiste.

Les Amazones (Cherche-Midi éditeur) est un roman que l’on qualifiera volontiers de féministe, si l’on ne craint pas de voir débarquer, avec cet adjectif, la cohorte des féministes identitaires qui hantent les plateaux médiatiques.

La question du féminin, chez Fergus, ne se construit pas au détriment du masculin, alors même que celui-ci incarne souvent une menace de violence tangible dans son texte. S’il y a rapport de forces, il s’effectue dans le contexte de la survie d’un groupe humain, dont les femmes portent la promesse d’un avenir fortement compromis.

A la fin du roman, l’on se dit que Fergus n’en a probablement pas encore fini avec le sujet de l’asphyxie lente de ceux qu’on appelle les Amérindiens, victimes, plus que toute autre communauté, d’une violence plurifactorielle sur la grande terre de liberté des Etats-Unis d’Amérique.

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